Communiqués

Pollution de la Brevenne par les pesticides
Samedi 15 Février 2014

Le Conseil d'administration de la Ruche de l'écologie a décidé d'envoyer le courrier ci-dessous aux élus en charge du contrat de rivière Brévenne-Turdine.

Ce courrier fait référence à un courrier daté de 2009 que nous avons joint plus bas à la suite de celui du 15 février 2014.

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Le 15 février 2014


Mesdames, Messieurs,


Nous avons lu avec attention le document du Syndicat de Rivière Brévenne-Turdine portant le numéro « Action A1-16 ». Il est écrit à la page 3 :

« Un état des lieux alarmant sur le bassin versant Brévenne-Turdine
Sur le bassin versant Brévenne-Turdine, certains secteurs présentent des risquent de transfert de polluants importants (Turdine et Brévenne aval), principalement à cause de zones urbanisées.
Des mesures de la concentration des produits phytosanitaires ont été réalisées pour évaluer la contamination des cours d'eau : à titre de comparaison, et même si l'eau de la Brévenne n'est pas utilisée pour l'eau potable, les teneurs en produits phytosanitaires mesurées de 2001 à 2007 sur la Brévenne à Sain-Bel dépassent jusqu'à 10 fois la concentration maximale en pesticides autorisée pour l'eau potable.
D'après le réseau de suivi des produits phytosanitaires mené sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse par l'Agence de l'Eau en 2006 et 2007, la Brévenne fait partie des 20 cours d'eau les plus contaminés parmi les 120 stations échantillonnées. »


Il est étonnant d’alerter la population sur cette pollution 4 ans après la mise en route du contrat de rivière, d’autant plus que les études de l’époque avaient mis en évidence la nécessité d’agir sur ces polluants, puisque l’objectif affiché était de permettre au cours d’eau de retrouver un état le plus proche possible de l’état naturel dès 2015.

Nous déplorons le manque de sérieux avec lequel ce sujet a été traité jusqu’à maintenant. Ce n’est d’ailleurs pas faute d’avoir nous aussi tiré la sonnette d’alarme lors de la signature du contrat de rivière, puisque notre association avait désapprouvé la pertinence du plan d’action et la méthode de gouvernance par laquelle notre association était conviée à valider les décisions prises.

Comme nous l’avions signalé dans notre courrier de l’époque, la très bonne qualité des études ont permis d’avoir une vision la plus claire possible de la situation.
Et pourtant nous savions dès la signature du contrat qu’il n’y avait aucune mesure forte destinée à éliminer radicalement, à l’origine, les causes de pollution, qu’elles soient de type domestique, industriel ou agricole. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Nous avons bien évidemment apprécié les initiatives de plusieurs communes de s’orienter vers des plans de désherbage sans pesticide. Mais les communes sont-elles la principale cause des pollutions des rivières ?
Pourquoi refuse t-on de reconnaître la responsabilité de l’agriculture intensive comme cause majeure de la pollution aux pesticides de la rivière Brévenne? Pourquoi ce déni et cette politique de l’autruche ?

Nous connaissons depuis longtemps les bienfaits de l’agriculture biologique pour les cours d’eau, la biodiversité et la qualité des aliments. Quelles sont donc les aides, aussi bien logistiques que financières, apportées aujourd’hui par le contrat de rivière ?
Un simple soutien symbolique, une simple information rappelant l’urgence de la reconversion serait déjà un signal fort en correspondance avec les objectifs affichés.

Nous avons le regret de vous informer, malgré la colère de quelques élus de l’époque, que notre association avait raison de ne pas se compromettre dans ce plan d’action. Maintenant que les travaux et les dépenses ont été engagés comme prévu, il est regrettable de constater 4 ans plus tard que le contrat de rivière a fait le minimum pour s’approcher de ses objectifs.

Il y a déjà presque 40 ans, l’agronome René Dumont se faisait connaître un verre d’eau à la main. Depuis cette date, la pollution annoncée a été continuellement démontrée par des études et des analyses de cours d’eau. Malgré cette évidence, il y a encore des décideurs locaux qui n’entendent pas les associations d’environnement et préfèrent les qualifier d’extrémiste par leur orientation.

Nous espérons que les prochains élus seront plus déterminés à combattre cette pollution dont la source est parfaitement connue.


Le Conseil d’administration de la Ruche de l’écologie


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COPIE DU COURRIER DE 2009 POUR MEMOIRE


Le 2 mai 2009


Mesdames, Messieurs,


Le Syribt, comme les autres syndicats de rivières, est chargé de mettre en œuvre des actions destinées à permettre au cours d’eau de retrouver un état le plus proche possible de l’état naturel , après des dizaines d’années de négligence au cours desquelles la qualité des rivières s’est fortement dégradée. L’année 2015 a été retenue comme référence pour atteindre cet objectif.

Pour parvenir à un tel résultat il y aurait un moyen sûr d’y parvenir, pour un coût très faible : c’est de cesser immédiatement d’apporter au cours d’eau le moindre polluant, quel qu’il soit, et de laisser faire la Nature. D’elle-même, elle va progressivement se régénérer, et ce d’autant plus rapidement que rien ne l’empêchera plus de fonctionner comme elle l’a toujours fait, depuis des milliers d’années. Mais ceci n’est possible que si la quasi-totalité des activités humaines sur le bassin versant correspondant cesse immédiatement, puisque la quasi-totalité des activités humaines est, dans la société actuelle, source de pollution, sous une forme ou sous une autre.

Cette solution peut paraître utopique, ou du moins irréalisable à court terme. Certes. Mais au moins peut-on s’en rapprocher ou, à minima, s’en inspirer pour rechercher des solutions fiables, ce qui veut dire, comme dans d’autres domaines, s’attaquer à la cause des problèmes et non pas à leurs conséquences les plus visibles.

Or qu’avons-nous constaté ? Le Syribt a fait faire de nombreuses études destinées à donner une vision la plus claire possible de la situation actuelle. La plupart de ces études, qui se sont étalées sur plusieurs années, sont de bonne, voire de très bonne qualité, et méritent d’être portées à la connaissance de la population, au sens large. C’est sur la base de ces études que le Comité de rivière aurait dû pouvoir réfléchir, discuter, faire des propositions, solliciter d’autres avis, construire des alternatives et, in fine, construire un projet fiable avec des indicateurs précis permettant de contrôler les résultats. Mais le Comité de rivière n’a pas eu son mot à dire. Il n’a même pas été averti qu’un petit comité avait déjà tout préparé en catimini.

Fin 2007, une synthèse de ces études a été présentée au Comité de rivière et, peu de temps après, en janvier 2008 le Syribt a demandé au dit Comité de rivière d’approuver les mesures qui avaient été décidées, sans la moindre discussion et surtout sans expliquer clairement en quoi ces mesures pouvaient apporter des solutions fiables aux problèmes identifiés dans les études.

Ceci donne la fâcheuse impression que les actions proposées par le Syribt ne sont rien d’autre qu’une liste de travaux, connue depuis longtemps, qui attendait simplement un financement pour pouvoir être entrepris. Est-ce que ces travaux répondent vraiment aux problèmes réels de la Brévenne et de la Turdine. Rien n’est moins sûr. En tout cas rien ne permet de l’affirmer.

Y a-t-il une seule mesure forte destinée à éliminer radicalement, à l’origine, les causes de pollution, qu’elles soient de type domestique, industriel ou agricole ? La réponse est non. Y a-t-il une seule mesure forte destinée à sensibiliser la population sur la responsabilité de chacun vis-à-vis de la qualité de l’eau et sur les moyens pratiques à mettre en œuvre? La réponse est toujours non. Il est clair que les 20 M d’Euros du contrat ne seront pas perdus pour tout le monde. Mais, en 2015, aura-t-on vraiment réussi à rendre à la rivière son état d’origine, c’est-à-dire avant que les pollutions d’origine humaine ne l’affectent gravement ? La question mérite d’être posée.

C’est pourquoi, en n’étant pas représentée à la cérémonie de signature du contrat de rivière, La Ruche de l’Ecologie a voulu exprimer clairement qu’elle se désolidarise des décisions prises par le Syribt. Elle continuera à suivre, dans la mesure de ses possibilités, les actions du Syribt en temps qu’observateur.

De plus, elle invite tous les élus concernés à prendre du champ, à essayer de comprendre ce qui se passe à un autre niveau. Pour ce faire le plus simple est de suivre le cours naturel de l’eau de surface en prenant conscience que la Turdine rejoint la Brévenne, la Brévenne rejoint l’Azergues, l’Azergues rejoint la Saône, la Saône rejoint le Rhône, le Rhône rejoint la mer Méditerranée et que tout est interconnecté. Il est possible, même si cela est physiquement difficile à mesurer, que la pollution issue de la Brévenne finisse par rejoindre la Méditerranée. L’eau n’est pas une simple marchandise. L’eau n’est pas un simple élément parmi d’autres que l’on peut manipuler, défigurer , transformer indéfiniment sans le moindre respect. C’est la base et l’essence même de la Vie. Les personnes qui ont eu la chance de passer, ne serait-ce que quelques jours, dans des zones arides ou désertiques, le sentent viscéralement.

La responsabilité du Syribt est peut-être juridiquement limitée au bassin versant de la Brévenne et de la Turdine, mais en réalité elle va bien au-delà.


Le Conseil d’administration de la Ruche de l’écologie
Sur les avis de Bernard Chuzeville, membre du CA et expert hydraulicien La Ruche de l'Ecologie

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