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Rapport sur l'argent des banques et le nucléaire
Dimanche 17 Avril 2011

La Ruche de l'écologie a souhaité faire connaitre cette enquête réalisée par plusieurs organisme indépendant. Nous vous livrons ici quelques extraits traduits en français par l'association "les Amis de la terre".

La version anglaise du rapport, comprenant toutes ses références, est accessible en ligne sur le site www.nuclearbanks.org

BankTrack est un réseau international d’une trentaine d’Organisations Non Gouvernementales membres et partenaires analysant les activités et les investissements des grandes banques internationales, dans le but d'orienter le secteur financier vers le développement durable. BankTrack est coordonné à partir de son secrétariat basé à Nijmegen, aux Pays-Bas.

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POURQUOI LES BANQUES NE DOIVENT PAS FINANCER LE NUCLEAIRE

La plupart des banques internationales ont pris des engagements pour le développement durable et la
responsabilité sociale. Le cycle entier du nucléaire est pourtant en contradiction flagrante avec les principes du développement durable et les notions basiques de la responsabilité sociale. La contamination radioactive qui a lieu tous les jours tout au long de la chaîne, de l’extraction de l’uranium au traitement du combustible, et de l’exploitation des réacteurs à l'impossible « gestion » des déchets nucléaires en atteste.

Un accident majeur sur un réacteur de 1 000 MW, dû à un dysfonctionnement technique ou une erreur humaine, peut affecter durablement des millions de personnes, causant des milliers de morts rapides et nécessitant l’évacuation en partie définitive de territoires grands comme la Belgique. Tous les réacteurs nucléaires produisent en grande quantité des substances radioactives mortelles, et le « combustible usagé » reste dangereux pour des millénaires. Il n’existe aucune solution sûre pour stocker des déchets nucléaires.

L’énergie atomique et les armes atomiques ou radiologiques vont de pair. Les matériaux et technologies employés pour l’électronucléaire peuvent facilement être détournés par des gouvernements, des militaires ou des groupes terroristes pour fabriquer des armes dévastatrices.

L’industrie nucléaire tente depuis longtemps de convaincre le public et les décideurs que malgré ses inconvénients, l’énergie nucléaire est nécessaire pour faire face à la crise climatique. Les industriels assurent avoir appris des erreurs passées, et pouvoir fournir une source d’énergie propre, sûre et peu chère. Rien de cela n’est vrai.

Le scénario 2008 de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) montre clairement que même si 1 300 nouveaux réacteurs étaient construits dans le monde et que l'électricité ainsi produite quadruplait d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre ne diminueraient que de moins de 4 %. Vu les longues périodes requises pour leur planification et leur construction, ces réacteurs arriveraient bien trop tard pour contribuer aux impératifs de lutte contre les changements climatiques, les émissions de gaz à effet de serre devant diminuer drastiquement dès avant 2020 pour éviter le chaos climatique.

La mise en œuvre du scénario de l’AIE exigerait 10 000 milliards de dollars pour la construction des réacteurs, augmenterait de façon colossale la quantité de déchets radioactifs que nous laisserons aux générations futures, et multiplierait les risques de prolifération (un seul réacteur produit plusieurs centaines de kilos de plutonium par an – de quoi fabriquer des dizaines de bombes atomiques !).

Les investissements dans le nucléaire sapent les efforts de protection du climat, en détournant des capitaux requis d'urgence pour le financement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

De plus, l’énergie nucléaire crée en réalité souvent une insécurité énergétique. Ainsi, sur les 130 réacteurs nucléaires états-uniens, un tiers ont été arrêtés plus d’un an, dont 7 pendant plus de deux ans. En 2007, la plus grande centrale nucléaire du monde, Kashiwazaki-Kariwa au Japon, a dû être arrêtée plus de deux ans suite à un tremblement de terre. Et seuls deux de ses sept réacteurs ont été remis en service depuis.

Le recours à l'électricité nucléaire crée également une dépendance envers les fournisseurs d’uranium, soit une petite poignée d'Etats. Sept pays fournissent en effet 90 % de la production mondiale : le Canada, l’Australie, la Russie, le Niger, la Namibie, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. La production de combustible nucléaire est quant à elle assurée par seulement six pays dans le monde. Et pas un seul Etat n'a pu proposer à ce jour de solutions fiables pour le stockage ultime des déchets nucléaires.
L’industrie nucléaire ne semble toutefois guère ébranlée par ces constatations. Se bornant à lutter pour sa survie, elle pousse à la construction de dizaines de réacteurs supplémentaires dans les années qui viennent.


L'AVIS DES BANQUES DE DÉVELOPPEMENT

« Les réacteurs nucléaires ne sont pas économiques car leurs coûts actuels et prévus n'en font pas les options les moins onéreuses. Il apparaît aussi que les coûts souvent cités par les constructeurs sont substantiellement sous-estimés et ne prennent presque jamais en compte le traitement des déchets, le démantèlement et les autres impacts sur l’environnement. De plus, le surdimensionnement
de nombreux réacteurs nucléaires par rapport à l'équipement des pays du Sud risque d’entraîner une surcapacité notable si la demande n’augmente pas comme prévu dans ces pays. Une stratégie d’investissement dans le nucléaire manque ainsi de flexibilité pour s’adapter aux changements éventuels. Les coûts élevés exigeraient de fortes augmentations des tarifs et pourraient menacer la viabilité financière du système si l’énergie nucléaire représentait une part importante du total ».

« Le bilan économique est limpide : dans les structures de coûts actuelles, la Banque Mondiale ne saurait financer de nouveaux réacteurs car ils ne sont pas rentables. »

« La question environnementale majeure est de savoir si les centrales nucléaires (production du combustible, systèmes de refroidissement et gestion des déchets inclus) peuvent être exploitées dans le respect de limites de sûreté acceptables exprimées principalement en termes de quantités de rejets radioactifs. Il existe des divergences de vues majeures quant à ce qui est acceptable en matière de
coûts et de probabilités d’accidents, surtout pour ceux de nature catastrophique. »

(Banque Mondiale, 1999, Environmental Assessment Sourcebook, Chapitre 10 : Energie et Industrie).


« (…) le développement de l’énergie nucléaire est confronté à quantité d'obstacles, dont la crainte du public à l'égard de la prolifération nucléaire, la gestion des déchets radioactifs, les questions de sûreté, les coûts d’investissement élevés, la longueur des délais de livraison, et l’acceptabilité commerciale de nouvelles technologies. (…) Au vu des inquiétudes liées aux limitations des approvisionnements, à la disponibilité de financements bilatéraux, aux risques de prolifération, à la
disponibilité de combustible, et les préoccupations environnementales et de sûreté, l’ADB maintiendra sa politique actuelle de non implication dans le financement de centrales électronucléaires ».

(Politique énergétique, Banque Asiatique de Développement, 2009)

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ET VOTRE BANQUE ?

Les banques sont encore très opaques : n’hésitez pas à interpeller votre établissement bancaire pour obtenir des informations sur ses pratiques et faire pression pour qu’il évolue. Plus leurs clients se manifesteront, plus les banques seront contraintes d’améliorer leurs pratiques. N’oubliez pas qu’il s’agit de votre argent : il est légitime de vouloir savoir comment votre banque l'utilise. Plus d'informations La Ruche de l'Ecologie

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