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Zones commerciales dans les Monts du lyonnais ? INTERVIEW n°3 avec André Grange
Vendredi 16 Avril 2010

Le Collectif pour une Politique Citoyenne continue ses interviews d'acteurs locaux sur un sujet à polémique : la création de nouvelles zones commerciales ou l’extension de celles existantes et l’installation prévue de magasins hard discount sur le territoire des Monts du Lyonnais.

Après celles d’Hervé Boinon, vice président de la fédération des unions commerciales OSER, voir sur :
http://www.forumsocialvillages.org/index.php?p=communiques&afficherCommunique=73
et de Bernard CHAVEROT, président du SIMOLY, voir sur :
http://www.forumsocialvillages.org/index.php?p=communiques&page=2&afficherCommunique=82
nous vous proposons l’interview d’André GRANGE, président du Conseil Local de Développement des Monts du lyonnais.

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QUESTION :
Il y a aujourd’hui des projets de création de zones commerciales et notamment de magasins hard discount à la fois sur les cantons de Chamousset en Lyonnais et des Hauts du Lyonnais , quelle est la position du Conseil Local de Développement ?

André GRANGE :
Le CLD en a débattu à plusieurs reprises. Aujourd’hui, sa position est la suivante : il n’est pas défavorable à telle ou telle forme de commerce mais il s’oppose à l’implantation de magasins, quelle qu’en soit la taille, lorsque celle –ci est prévue en dehors des périmètres agglomérés des communes.

Pourquoi ? Parce que c’est contradictoire avec les objectifs de développement du territoire, avec la volonté du maintien de l’intégrité et de la qualité du territoire. Si nous acceptons de tout banaliser, de construire n’importe où avec des normes de construction les plus basses qu’il puisse exister, nous participerons à la dégradation du paysage, à la banalisation de notre territoire qui deviendra un territoire lambda, quelconque.

D’autre part, construire des zones commerciales en pleine campagne participera à supprimer des terres agricoles, obligera chacun à prendre la voiture pour aller consommer et fragilisera les commerces de proximité situés dans les centres bourgs. Ce sont autant de points négatifs qui pourraient être évités par l’implantation de ces mêmes commerces au cœur des zones déjà urbanisées, dans un contexte plus intéressant parce qu’elle participerait à la vie sociale du village. Il y a encore des espaces libres dans les centres bourgs et nous pensons que c’est là que les projets doivent se développer. Mais cela ne se fera pas sans que des orientations publiques et politiques ne soient données ; nous pensons donc que c’est aux communes et aux intercommunalités à orienter les promoteurs, les opérateurs, les gestionnaires de ces surfaces commerciales en leur imposant les sites d’accueil et un cahier des charges strict pour les réalisations. Sinon les opérateurs iront toujours au plus facile et choisiront d’aller sur un terrain agricole en faisant pression pour les faire classer en zone constructible.

La position du CLD est logique par rapport à la Charte, par rapport à une politique de développement du territoire telle que définie dans ses axes validés à la fois par les élus et par la société civile ; elle est également ambitieuse parce qu’elle nécessite de se poser la question de la vitalité des centres bourgs.


QUESTION :
Vous pensez que dans les centres des principaux bourgs du territoire, il y a encore suffisamment d’espaces disponibles pour accueillir des commerces qui ont besoin de surfaces importantes ?

André GRANGE :
Nous pensons que ces espaces existent mais il reste à les identifier de façon précise, mesurer les contraintes qui pèsent sur ces emplacements et voir comment on peut les utiliser pour l’évolution de la vie de ces centres bourgs. Certes, ce n’est pas une voie facile que nous proposons là mais c’est une voie de raison.

Au coeur des principaux bourgs du territoire, il y a des espaces tels que des anciennes usines et des maisons non occupées. On voit aussi des espaces publics libres transformés en parkings sans qu’on ait toujours réfléchi aux enjeux. Beaucoup de communes disent avoir des réserves foncières, des terrains et parfois des locaux commerciaux dans leur patrimoine. Elles ont donc des possibilités. Lorsqu’elles ne sont pas propriétaires, elles peuvent le devenir par des choix, des procédures du droit français à mettre en œuvre ; le code de l’urbanisme permet d’avancer dans ce sens : il y a des outils tels que le droit de préemption, des aides financières de la Région et des départements, il y a des opérateurs tels que les offices HLM qui font ça, des sociétés publiques d’aménagement qui peuvent intervenir pour et au nom des communes et apporter leur savoir faire. Ces procédures sont couramment mises en œuvre dans les grandes villes en lien avec des politiques d’urbanisation ; elles permettent des opérations commerciales mais aussi des opérations mixtes plus complexes qui prennent en considération l’ensemble des composantes d’un territoire donné : commerce, habitat en lien avec mixité sociale, aménagement urbain, vie sociale, … C’est tout un projet de rénovation urbaine pour maintenir ou développer l’attractivité d’un territoire donné.

Nos villages les plus importants ont beaucoup investi dans un développement économique péri-urbain par les zones industrielles et artisanales, dans un développement de l’habitat par la création de lotissements ; le CLD considère qu’il est aujourd’hui temps de se poser la question et d’agir pour la redynamisation des centres bourgs car ces approches sont complémentaires.


QUESTION :
Vous développez un point de vue sur la dynamisation des centres bourgs, vous faites part de vos connaissances en matière de possibilités données aux communes ou intercommunalités par le droit français, par le code de l’urbanisme… est-ce que le CLD va apporter sa contribution à une réflexion sur la redynamisation des centres bourgs et, si c’est le cas, par quels moyens ?

André GRANGE :
En effet, le CLD a décidé début 2010 d’en faire un de ses thèmes de travail et, pour avancer, il a pensé qu’il était judicieux de travailler avec l’Institut d’Urbanisme de Lyon. Il a pris l’initiative de confier une mission à un groupe d’étudiants de Master 2 encadrés de leur professeur d’urbanisme dans le cadre de leur stage de fin d’études. Ils travaillent depuis mi mars à un atelier appliqué aux cinq principales communes de Monts du Lyonnais : Chazelles sur Lyon, St Martin, St Symphorien sur Coise, St Laurent de Chamousset et Ste Foy l’Argentière.. Pour cela, le CLD a obtenu l’accord unanime des cinq maires des communes concernées. La mission durera quatre mois et devra apporter des éléments en faveur d’une redynamisation des centres bourgs concernés par un diagnostic de la situation et par des orientations sur les possibilités de réaménagement , en fonction des besoins exprimés par les municipalités,.Des pistes d’actions concrètes, des modes opératoires, seront proposés…

En prenant l’initiative d’un travail en collaboration avec l’Institut d’Urbanisme de Lyon, le CLD se pose en facilitateur d’une étude qui devrait permettre aux communes d’engager des actions en faveur de la redynamisation des centres bourgs et plus globalement de la concrétisation du projet de territoire tel que défini dans la Charte.


QUESTION :
Donc une initiative forte du Conseil Local de Développement. Parallèlement, un travail est aujourd’hui bien engagé à travers l’OCMMR*, travail auquel est associé le Conseil Local de Développement. Comment s’articulent ces deux projets ?

André GRANGE :
Il est clair pour le CLD que notre démarche avec l’Institut d’Urbanisme est complémentaire de l’OCMMR lancée par le SIMOLY. En effet , l’OCMMR porte essentiellement sur les commerces et son travail sera repris par l’Institut d’Urbanisme comme un acquis ; La démarche de l’Institut d’Urbanisme sera beaucoup plus globale, plus transversale et prendra en considération les dimensions sociales, économiques, urbanistiques pour remettre les centres bourgs en mouvement….

Pour reprendre une expression très en vue, on pourrait parler d’une approche plus en lien avec le développement durable. Les élus l’ont bien compris et ont trouvé cette complémentarité tout à fait intéressante. Le CLD tient d’ailleurs à associer les unions commerciales et la fédération OSER à cette démarche ; les chambres de métiers et chambres de commerce seront également tenues informées. Chaque acteur du territoire concerné doit trouver sa place dans ce projet et le CLD doit favoriser les espaces de rencontres, d’échanges, …


QUESTION :
Cette approche semble tout à fait nouvelle pour les communes car, jusqu’à maintenant les aménagements au sein des localités se font un peu au fil de l’eau, les PLU sont assez récents ou encore parfois inexistants et là visiblement, le CLD propose aux communes les plus importantes d’avoir une planification de l’urbanisation de la commune, ce qui est une approche nouvelle pour des conseils municipaux.

André GRANGE :
Je relativiserai cette approche : certaines de ces communes ont déjà une approche prospective de leur développement notamment par leur démarche de PLU et ont d’ores et déjà pris des initiatives allant dans ce sens. Ceci dit, le CLD, par cette démarche cherche à développer la prise de conscience de la nécessité d’avoir une vision à long terme du développement de sa commune et plus précisément des centres bourgs ; le travail avec l’institut d’Urbanisme doit amener chacun à se poser les questions de fond. Le CLD souhaite également en faire une question publique : les décisions ne doivent pas relever que de décisions techniques, de règlements et de la loi du marché. Les municipalités, en lien avec la société civile, auront à réfléchir, à se positionner, à prendre des décisions qui engagent sur un projet.


QUESTION :
Comment le Conseil Local de Développement envisage-t-il d’en faire une question publique ?

André GRANGE :
Dans un premier temps, il organisera à l’automne une réunion publique qui reprendra le travail réalisé avec l’Institut d’Urbanisme afin que les habitants du territoire puissent mesurer les enjeux et débattre des propositions qui seront faites.


* OCMMR : Opération Collective de Modernisation en Milieu Rural
Interview réalisée en mars 2010 par Jean Louis GAUTHIER et Thierry MANCEAU
Collectif pour une politique citoyenne dans les Monts du lyonnais

Réponses / Réactions

J'approuve totalement les réponses d'André Grange, qui reflètent fidèlement la démarche du CLD, comme simple garant de la Charte et facilitateur
Merci
Michèle Autant 17/04/2010 08:40
michèle

Autant je partage la position exprimée par André Grange concernant la non implantation de toute forme de commerce en dehors des périmètres agglomérés des communes et la nécessité de re-dynamiser certains centres bourg, autant je suis circonspect - le mot est faible - sur la venue de commerce de hard discount dans ces périmètres dits "agglomérés" de nos Monts du Lyonnais.
Nous sommes en période de crise. La recherche de prix bas pour satisfaire aux difficultés de certaines catégories fera naturellement un appel vers ce type de magasin dont il faut se souvenir que les prix sont certes atténués du fait de la simplicité des aménagements de linéaire et des surfaces, mais aussi - et surtout - de la précarité et des conditions de travail "a minima" que les enseignes qui pratiquent ce type de commerce appliquent. pour ceux que cela intéresse, les études et les témoignages en la matière sont abondants sur la toile (sans parler de certains articles du Monde ou du Nouvel Obs sur des enseignes comme Lidel ou ED)
Jean-Paul Schmitt 17/04/2010 10:04
Jean-Paul

l'attractivité d'un territoire passe par le choix, nous devons pouvoir trouver tous les types de commerce et tous les corps de métier, toutes les qualités et une variété de produits, bon nombre de nos concitoyens courent pour cela sur saint etienne lyon ou givors, alors? c'est le transport qui coute le plus!non?

pour les conditions de travail, c'est sur, chacun peut y aller de son exemple, agriculteur faisant travailler les membres de sa famille sans les rétribuer, ou employant retraités au noir, jeune fille travaillant 8 heures par jour chez commerçant en habillement 6 jours sur 7 mais rétribuée au smic sur 35 heures ect...

n'avez vous jamais mis les pieds dans un hard discount? moi j'évite c'est souvent de la M, mais quand on le sait et qu'on y retourne on est le mal, et si nos producteurs locaux ou commerçants font de la qualité, de quoi avez vous peur? 09/06/2010 16:32
gil

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